Courir, c'est vivre en liberté (eBook)
264 Seiten
BoD - Books on Demand (Verlag)
978-2-322-66781-9 (ISBN)
Ruddy LE MOUËLLIC est cofondateur et Président du ROC 84, un club de course à pied dynamique basé à Orange, dans le Vaucluse. Passionné de sport et profondément engagé dans la vie associative, il découvre en 2023, une autre dimension de la course à pied: celle qui soigne. En septembre de la même année, son fils Romain, jeune coureur prometteur de 20 ans, est violemment percuté par une voiture. Brisé physiquement et moralement, à deux doigts de sombrer dans une dépression, c'est la course à pied qui va lui permettre de se relever. Ce choc personnel pousse Ruddy à s'interroger sur le vrai pouvoir de la course: au-delà du sport, un acte de résilience, de transformation et de liberté. Courir, c'est vivre en liberté est le fruit sincère et inspirant de cette réflexion.
Prologue.
Romain n’avait que 19 ans, mais il portait en lui une vitalité qui semblait défier son âge. Depuis qu’il était tout petit, il avait l’impression de courir à travers sa vie comme si l’air même lui appartenait. Il courait le matin, le soir, en tout lieu, en toute circonstance. Les kilomètres s’enchaînaient comme une mélodie familière, un rythme naturel. Il savait que son avenir, celui qu’il imaginait en grande pompe, passait par la course. Le Championnat de France de 5 kilomètres sur route était son prochain objectif. Il s’entraînait sans relâche, son corps devenu machine, son esprit, une flamme qui ne s’éteignait jamais.
Ce soir-là de septembre, la journée semblait se terminer comme tant d’autres. Romain venait de finir son travail dans une cave viticole, un métier exigeant où chaque geste comptait. Depuis l’aube, il avait manipulé des barriques, surveillé la fermentation des cuvées et transvasé les précieux liquides d’un fût à l’autre sous la lumière tamisée des chais. L’odeur du raisin en pleine transformation imprégnait encore ses vêtements, se mêlant à celle du bois et à la poussière sèche qui s’infiltrait partout en cette fin d’été. Lorsqu’il sortit, une chaleur lourde et persistante l’enveloppa aussitôt. Même à cette heure tardive, l’air brûlant du jour n’avait pas totalement cédé sa place. Il régnait cette tiédeur particulière du Sud, où la terre, chauffée à blanc toute la journée, diffusait encore une douce torpeur.
Autour de lui, les vignes s’étendaient à perte de vue, parfaitement alignées, formant un damier régulier entrecoupé de quelques mas isolés. Plus loin, les champs de blé récemment moissonnés laissaient derrière eux des étendues dorées, nues sous un ciel limpide. Dans le lointain, le chant des cigales s’était tu, remplacé par le crissement diffus des grillons. Pourtant, malgré cette quiétude, Romain n’avait qu’une idée en tête : partir.
Comme chaque soir, il était pressé. La course l’appelait. Son vélo, posé contre un vieux mur de pierres sèches, l’attendait patiemment, prêt à l’emmener loin de cette chaleur stagnante. Il l’enfourcha avec un frisson d’excitation, sentant déjà l’adrénaline monter. Il aimait cette transition, ce moment où il quittait la lourdeur du travail physique pour retrouver la légèreté du mouvement, cette sensation de vitesse et de liberté qu’il recherchait inlassablement.
Les premiers mètres se firent sur un chemin de terre sèche et poudreuse, bordé de vignes et de rares figuiers sauvages dont les feuilles épaisses exhalaient un parfum sucré sous la chaleur résiduelle du jour. La poussière ocre se soulevait sous ses roues, tourbillonnant brièvement avant de retomber mollement sur le sol craquelé. Son souffle se calait instinctivement sur le rythme de ses coups de pédale. Il accéléra légèrement, savourant cette montée en puissance progressive. Devant lui, la route principale se dessinait dans la lumière déclinante, un long ruban d’asphalte rectiligne qui traversait la plaine sans le moindre virage à l’horizon. Une ligne parfaite, imperturbable, où seule la réverbération de la chaleur donnait l’illusion d’un mouvement ondulant à sa surface. C’était ici qu’il pourrait vraiment lâcher prise, trouver son rythme, défier la monotonie du tracé par la cadence de ses jambes. Le vent chaud portait avec lui des effluves de garrigue et de terre cuite par le soleil. Il plissa légèrement les yeux en distinguant, au loin, la silhouette sombre d’un bosquet solitaire bordant la route. Encore quelques coups de pédale. Il était prêt à s’élancer.
Mais ce soir-là tout a basculé en une fraction de seconde.
Un bruit sourd. Un choc foudroyant. L’instant d’avant, Romain filait sur son vélo, concentré sur l’asphalte brûlant devant lui. L’instant d’après, tout bascula. Il n’eut pas le temps de voir venir la voiture, surgie de nulle part, comme un projectile incontrôlable. L’impact fut d’une violence inouïe. Son vélo se brisa sous la force du coup, et son corps fut arraché à la selle, projeté dans les airs dans un chaos de fibres de carbone brisées et d’éclats de verre.
Le temps sembla s’étirer. Un battement de cœur suspendu, où l’air lui-même semblait figé autour de lui. Puis le fracas du pare-brise déchira le silence. Son crâne heurta la vitre avec une puissance effroyable, un bruit sec et glaçant. Le verre explosa sous l’impact, envoyant une pluie d’éclats scintillants dans la lumière dorée du soir. La seule chose qui empêcha l’irréparable fut la coque rigide de son casque, qui encaissa le choc en un craquement sinistre.
Et puis, plus rien. Une ombre l’engloutit, profonde et silencieuse. Son corps, désarticulé par la violence du choc, retomba lourdement avant de s’abandonner à l’inconscience. Dans le fossé, désarticulé, il sembla suspendu dans un autre espace, un espace où les lois de la réalité n’existaient plus. La douleur, la peur, tout cela se dissipa comme un brouillard lointain.
Mais au fond de lui, une pensée persistait, une pensée qui survécut à son évanouissement : J’ai failli ne jamais revoir la lumière.
Quand il se réveilla, il ne savait pas où il était. Ses yeux s’ouvrirent lentement, et la première chose qu’il aperçut fut le ciel, étrangement lointain, comme si tout était flou. Il n’avait pas conscience du temps écoulé, mais il sentit une pression immense sur sa poitrine, comme si son corps ne répondait plus, comme si tout avait cessé d’exister. Lorsqu’il tenta de bouger, une douleur fulgurante traversa sa clavicule. Il comprit alors que quelque chose ne tournait pas rond.
Les secours arrivèrent rapidement. L’ambulance, les sirènes, la frénésie des gestes médicaux. Il se souvint vaguement des voix autour de lui, des mains froides qui le manipulaient avec une douceur inquiétante. "Il est chanceux", entendit-il, mais tout semblait lointain, comme dans un rêve. Son corps était là, mais il n’était plus tout à fait lui-même. Tout ce qu'il ressentait, c'était une lourde fatigue, une sensation de vide, de corps brisé.
Il savait que, quelque part, son rêve s’était effondré, et qu’il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer ensuite.
Romain apprit, plus tard, que son casque avait été le seul à lui sauver la vie. Sans lui, il aurait été pulvérisé contre le pare-brise, sans rémission possible. Il se remémorait parfois cet instant, où tout aurait pu s’arrêter, où le monde aurait pu se figer pour toujours. Mais ce n’était pas le cas.
Il était vivant. Et même si la douleur de la fracture à la clavicule était insupportable, même si son corps était une douleur constante, Romain se sentait dans un état paradoxal de gratitude et de désespoir.
Les mois qui suivirent furent un tourbillon d’hôpital, de rééducation, et de doutes. Chaque mouvement devenait une victoire, chaque effort une lutte. Le jeune homme, qui avait toujours eu l’habitude d’être actif, de courir, de se dépasser, se retrouvait maintenant face à une réalité qu’il ne maîtrisait plus. Le temps semblait s’étirer, douloureusement lent, et les blessures profondes qu’il portait dans son corps se répercutaient dans son esprit. Il se posait des questions qu’il n’avait jamais imaginé avoir à se poser : Est-ce que je serai encore capable de courir comme avant ? Vais-je pouvoir atteindre mon objectif, et performer un jour sur un Championnat de France ?
Ces questions le hantaient, l’empêchaient de dormir. Les nuits étaient devenues interminables, les journées trop longues. Et puis, un jour, quelque chose en lui changea. Un soir, alors qu’il regardait la fenêtre, il pensa à ce moment précis, celui où il avait failli tout perdre. Il repensa à la voiture qui l’avait percuté, à son corps qui avait été réduit à un amas de douleurs, à la solitude du fossé. Et quelque chose en lui se fit entendre, un cri silencieux, une petite voix intérieure qui lui dit : « Tout n’est pas fini. Tant que je respire, tout est possible ».
Le lendemain, il se leva. La douleur était toujours là, constante, mais quelque chose en lui avait changé. Il enfila ses baskets, la sensation du sol sous ses pieds lui...
| Erscheint lt. Verlag | 19.6.2025 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| Themenwelt | Sachbuch/Ratgeber ► Sport |
| Schlagworte | course à pied • Performance • Running • Sport • Trail |
| ISBN-10 | 2-322-66781-1 / 2322667811 |
| ISBN-13 | 978-2-322-66781-9 / 9782322667819 |
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