Traversée enchantée (eBook)
246 Seiten
Books on Demand (Verlag)
9782322621811 (ISBN)
Laurent Larbalette a trouvé l'alchimie idéale entre la randonnée et l'écriture, l'une alimentant l'autre, à moins que ce ne soit l'inverse. Dans ses récits d'itinérance, il partage son amour pour la marche, la découverte des paysages et du patrimoine de la France et ses rencontres étonnantes tout au long de ses chemins. Après Diagonale de l'Evasion (2019), il poursuit son exploration de l'Hexagone à pied avec Traversée Enchantée, un voyage de Wadern à Montmorillon. Son écriture mêle réflexions personnelles, émerveillement devant la nature et quête de liberté, offrant au lecteur une immersion dans l'aventure et la contemplation.
Je n’ai pas mis longtemps, aux premiers jours d’août 2022, en revenant de Brest, pour prendre la décision d’ajouter un troisième opus à mes aventures pédestres à travers la France. En réalité, dès mon arrivée le 30 juillet, repartir s’imposait comme une évidence, une nécessité. Et cette fois-ci, plus encore qu’à la fin de ma première diagonale de Menton à Montmorillon en 2018.
J’avais vécu si intensément pendant 53 jours, en suivant le chemin des douaniers en Bretagne du Sud, en traversant la Brière, puis en remontant la Loire et la Vienne, que je croyais impossible qu’un événement encore plus heureux m’arrive. Le sentiment de plénitude qui dominait lorsque, dans l’effort, jour après jour, le corps et l’esprit avançaient en parfaite harmonie, était sans nul doute pour moi la meilleure représentation possible du bonheur. Si l’on ajoute à cela la beauté et la variété des paysages traversés et l’émotion qu’ils évoquaient, la richesse des rencontres et la découverte d’un patrimoine exceptionnel, il m’était impossible d’imaginer qu’il pouvait y avoir de plus beaux projets que celui de recommencer.
Et puis, les années défilant à l’horloge de ma vie, en prenant conscience de la chance que j’ai de pouvoir m’engager à nouveau sur une épreuve physique relativement douce, mais toutefois exigeante, je pense qu’il n’y a certainement pas d’autres situations qui me permettraient de me sentir aussi vivant. Car finalement, le bien-être physique et moral qui résulte de ces longues itinérances supplante toutes les contraintes et anesthésie les douleurs dans une forme de résilience extrêmement bénéfique.
Je dois ajouter à ma réflexion un volet supplémentaire qui donne une autre destination à mon projet de vie. Né en 1958, je fais partie de cette génération dorée qui n’a finalement connu aucune souffrance, qui a bénéficié grâce au progrès technologique incessant d’un niveau de vie relativement élevé dans un pays industrialisé et en paix, et qui a su profiter des opportunités pour tirer son épingle du jeu. Je fais aussi résolument partie de cette frange de la population qu’on désigne sous le terme d’éco anxieux. Ce qualificatif peu enviable aux yeux de beaucoup trahit un point de faiblesse que ne peuvent afficher les grands leaders économiques. Je crois en la science, j’ai en horreur les discours démagogiques des climatosceptiques et autres complotistes et je suis absolument convaincu que l’humanité sous sa forme actuelle court à sa perte. Pour autant, je ne suis pas exemplaire, loin de là, et nombre de mes habitudes et de mes activités ne concourent pas à améliorer mon impact sur le réchauffement climatique. Je fais ma part de mal à la planète. Je continue le plus souvent à tirer le meilleur profit de cette vie de privilégié que je me suis construite au fil des années. J’abuse de cette société de consommation qui m’a comblé de tant de satisfactions matérielles.
Bien sûr, partir deux mois à pied ne changera pas la courbe dramatique de l’augmentation de la température mondiale, mais elle me réconciliera peutêtre avec cette petite voix intérieure qui m’invite à être meilleur. Et pas seulement dans les intentions !
Les longues marches nous ramènent toujours à notre condition d’homme en révélant cette fragilité que la technologie et le progrès scientifique ont fait oublier durant des décennies. À pied, au cœur de la nature, on prend mieux conscience de ce que l’on est vraiment. L’humilité nous transforme au fur et à mesure que la liberté s’offre à nous. En cela, mes traversées m’ont appris à être plus respectueux du vivant. J’en tire une forme de plénitude, d’apaisement.
En 2017, Sylvain Tesson m’avait inspiré ma première diagonale. Comme lui, cette aventure m’avait aidé à me reconstruire après une sortie de carrière professionnelle ratée. Cette première grande itinérance m’avait révélé une dimension différente et heureuse de ma vie. Ce chemin autant géographique qu’intérieur m’avait transformé. En 50 jours, j’étais devenu quelqu’un d’autre. Mais, accaparé par cette transformation intérieure et, certainement, par l’incertitude de la réussite, je n’avais pas su tirer parti des découvertes qui auraient sublimé mon entreprise. Je ne les avais même pas identifiées dans la préparation de mon parcours. Seul comptait l’objectif de marcher obstinément vers ma cible et d’assurer le succès de chaque étape, jour après jour.
En 2022, après les années perdues passées à « survivre » au Covid, ma deuxième traversée s’inscrivait, au départ, dans une logique de continuité de la première. Il me fallait finir le travail en prolongeant cette ligne droite sur laquelle se situent Menton, Montmorillon et Brest. Enfermé dans cet objectif de réhabilitation dans la société, cinq ans après ma cessation d’activité, j’étais encore en thérapie. Mais, souvent, c’est bien connu, on part pour une raison et l’on arrive pour une autre. Sur le GR 34, était venue s’ajouter rapidement une donnée qui allait changer ma vision du chemin. J’ai eu à gérer pendant la moitié du parcours des douleurs permanentes consécutives à des ampoules larges et profondes sous les deux pieds. La cheville gauche et le genou droit ont alors, tour à tour, payé le tribut de cette marche incertaine et déséquilibrée que je leur imposais, bien involontairement. J’avais ainsi passé le plus clair de mes soirées à soigner mes maux et de mes matins à préparer mes pieds pour retarder chaque jour l’apparition des douleurs. Ainsi ai-je presque autant fréquenté les pharmacies que les boulangeries.
Lors de la deuxième moitié, à partir du Morbihan, ayant pris le dessus sur ces problèmes physiques récurrents et dompté la douleur, j’ai pu enfin me libérer l’esprit, sortir de la marche mécanique forcée pour accorder davantage d’intérêt à mon environnement. Je devenais touriste, donnais plus d’importance aux sites traversés, voire dirigeais mes pas vers des curiosités locales. Je n’hésitais plus, parfois, à rallonger ma route pour découvrir le monde.
Il m’avait fallu presque 2000 km et trois mois de marche en itinérance pour accéder à une nouvelle dimension. Cette expérience allait me servir, car il était évident que je ne pouvais pas m’arrêter après Brest.
À la frustration et à la sensation de manque engendrées par la sédentarité retrouvée, je répondais par une projection en 2024 d’une nouvelle traversée de la France. L’idée de partir de Strasbourg et d’aller visiter des contrées inconnues, les Vosges, le Jura, le Morvan, s’est imposé dès les premiers jours d’août 2022. Quelques amis voyageurs, mais surtout d’infatigables défenseurs de l’amitié franco-allemande initiée en 1968 par la signature d’une convention de jumelage entre Wadern, ville de La Sarre, et Montmorillon, sous-préfecture de la Vienne, me proposèrent alors un départ de Wadern.
Toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver, évoquer des souvenirs pour les uns, découvrir pour les nouveaux, approfondir ses connaissances en découvrant le patrimoine et l’histoire de sa ville jumelle, faire des rencontres bien sûr, et en toute convivialité, trinquer et partager la table et le gîte. Justement, ces occasions ayant fait défaut pendant toute la période de la crise sanitaire qui a paralysé le monde entier, cette suggestion de départ de Wadern tombait très bien. Une délégation montmorillonnaise serait heureuse de m’accompagner. Je ne savais même pas où placer Wadern sur une carte. Peu importe, avant même de me plonger dans la géographie allemande, j’étais enthousiasmé par cette idée d’allier mon projet d’itinérance à travers la France au projet de rencontre des comités de jumelage.
Wadern se situe à environ 50 kilomètres au nord de Sarrebruck, dans le land de Sarre et la région de Merzig-Wadern entre Sarrebruck et Trèves. Dans la préparation de mon parcours, j’avais relevé deux jours de marche en Allemagne avant de franchir la frontière au sud de Sarrebruck. Puis je m’en irai rejoindre les Vosges que je souhaitais découvrir du nord au sud sans pour autant suivre tous les détours du GR 5. Initialement, je...
| Erscheint lt. Verlag | 4.3.2025 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| Themenwelt | Sachbuch/Ratgeber ► Sport |
| ISBN-13 | 9782322621811 / 9782322621811 |
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Größe: 23,8 MB
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