L'Affaire Geos (eBook)
228 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-62077-7 (ISBN)
Jean-Louis Brahem a écrit et illustré "Histoires de géomètres et de géométrie", "Histoires de gares, de dessins et de ruines" et "Voyage en Géométrie" aux éditions du Pommier.
Idylia
Ce furent des marins égarés qui, en 2390, quelque part dans ce qu’il restait de l’Atlantique Nord, découvrirent Idylia, une île vaste et habitable ; émergée il y a presque deux siècles, toute neuve, avec des montagnes raisonnables, des collines boisées, des plaines fertiles et une côte favorable à la navigation. Cette île hospitalière fut l’un des rares effets positifs du Grand Renversement. Les populations déracinées que le cataclysme avait égarées sur des terres hostiles se mobilisèrent pour peupler ce nouvel Éden, les candidats à la colonisation d’Idylia furent des milliers.
Les premiers Idyliens avaient retenu les leçons du passé et respectèrent religieusement la nature de l’île. Ce fut une réussite jusqu’à la célèbre guerre des Bouchers (2414/18) qui vit la défaite des tribus véganes et attira des trafiquants d’armes, des mercenaires et la racaille mondiale des profiteurs de guerre. Idylia devint un pays ordinaire, moins écologique, mais plus accueillant aux investissements et plus favorable aux affaires.
En 2432, un pétrolier pirate découvrit par hasard l’île de Rad à 220 miles d’Idylia, il céda cher les droits de sa découverte à Gasp Ortello, une étoile montante de l’immobilier idylien qui revendit l’île par tranches et sur plan. Ce fut un succès commercial. Le jeu, le luxe et la discrétion firent la prospérité de Rad.
Gasp Ortello vendit ensuite l’Archipel des Braques, la Terre Hortense et l’Île aux Noix, avec le même bonheur.
Le 11 mars 2492, une nouvelle affaire se présenta.
L’affaire Geøs se passant entièrement sur Idylia, il convient que le lecteur comprenne où il met les pieds.
Idylia mesure 67.000 km2. Au sud du 50e parallèle nord, l’île jouit d’un climat océanique tempéré. Sa situation au bord de la vallée des Abysses n’est pas rassurante.
L’histoire d’Idylia a bien commencé. Les premiers occupants, échaudés par les caprices sismiques bâtirent en bois et importèrent peu, du bétail, des graines, des outils ; ils étaient indifférents aux porte-conteneurs chargés d’électro-ménager et de matériel de bureau qui erraient dans l’océan. Ils ont magnifiquement intégré la nature et les ressources d’Idylia, non sans accepter de nombreuses privations. Ces rigueurs les ont rendus rudes et irritables, certains se sont radicalisés et pour une sombre histoire de vaches, les violences ont éclaté, puis la guerre civile. Une aubaine pour les navires marchands d’armes qui par le monde alimentaient les conflits.
Curieusement, la guerre des Bouchers a attiré plus de monde qu’elle n’en a chassé. Ce n’était pas la crème, mais la population doubla entre 2414 et 2420. On importa de tout, trois grosses sociétés s’installèrent pour électrifier le pays, construire ports et routes, des hôpitaux, des écoles, mais aussi des carrières, des usines et des bureaux : des emplois donc du profit.
TERRAE couvrait les infrastructures, l’habitat, l’industrie et l’énergie ; VIVA, l’alimentation, la pharmacie, la santé ; ESPRIOR la culture, l’édition, les médias et l’éducation. Afin d’assurer l’ordre économique et social, les trois majors créèrent la LEX, chargée de la monnaie, de la justice et des polices. Ces quatre entités formaient le Cartel qui gouvernait Idylia comme une entreprise, une sorte de social-technocratie absolue dirigée par des technico-commerciaux anonymes. Le pouvoir était invisible : pas de souverain, de président, de tyran, pas de visage à aimer ou haïr. La politique était sans intérêt.
En 2492, quand débute cette histoire, Idylia est un pays sans qualité sociale ni écologique particulière. Il y a des embouteillages matin et soir autour de Bobigny, on compte un lave-linge pour cinq habitants et les rues sont éclairées toute la nuit.
Chacun des 600 000 habitants consomme dans les cinq MWh par an (c’est deux fois moins qu’un européen au XXIe siècle). Cet indice doit plus à la tempérance des consommateurs qu’à une rationalisation des sources d’énergie : on constate que les choix énergétiques ne sont pas clairs et ceci pour plusieurs raisons.
À cette époque, le Grand Renversement est encore dans les mémoires et les Idyliens savent qu’il y a trois siècles, le cataclysme avait été aggravé par la mort brutale des centrales nucléaires (leur agonie est estimée à 100 000 ans, proche de l’éternité) et l’effondrement des grands barrages. Aujourd’hui, ces ruines se visitent (voir page suivante).
Ces mauvais souvenirs n’incitent pas à y revenir, et pourtant, on y revient à reculons. EDYL (Électricité D’Idylia, sous-direction de TERRAE) n’a pas sablé le champagne en inaugurant le barrage et l’unique petit réacteur nucléaire de l’île qui fournissent quand même respectivement 8 et 70 % de ses besoins. Le Cartel a un
©Tourisme Noir
peu honte d’avoir besoin de ces monstres à lourde hérédité, mais il faut dire que les sources d’énergie alternatives ne sont fiables qu’à moitié. On se souvient que le dérèglement climatique du XXIe siècle avait provoqué des grêles inouïes qui ont massacré les vieux capteurs solaires et des ouragans de folie ont dévasté les champs éoliens.
EDYL a construit un millier d’éoliennes en croisant les doigts (10 % des besoins). Quand ces équipements ne sont pas dangereux, ils sont fragiles. Aucun ne donne entière satisfaction ni ne l’emporte sur les autres. Pour éviter d’agrandir ce parc énergétique disparate, le prix de l’électricité augmente avec la demande. Forcément, on fait attention.
Après cinq siècles d’extraction industrielle, les terriens ont fini par assécher les nappes pétrolifères et le Grand Renversement n’a rien arrangé : il n’y a presque plus de pétrole sur Terre et ce qui reste est hors de prix. Sur Idylia, les moteurs thermiques tournent avec des agrocarburants, et là aussi, on fait attention. On réduit les distances entre la production et la consommation, on mange local. Les heures de marche entre la maison et le travail sont salariées.
Les moteurs électriques ne sont qu’un lointain et mauvais souvenir, le drame de « l’Embouteillage de la Mort » en avait tragiquement amorcé la fin.
©Yvelines Express
Jeudi 30 août 2057, il fait 41 °C à l’ombre, retour de vacances, devant le péage de St-Arnoult-en-Yvelines, à 50 kilomètres de Paris, une batterie a surchauffé spontanément, explosé et mis le feu en quelques minutes à 350 véhicules dont 290 étaient électriques. On constata que la combustion des batteries lithium-ion provoquait un fort dégagement de suies d’oxydes toxiques (cobalt, nickel, manganèse) et d’acide fluorhydrique, le seul acide à dissoudre le verre. L’opinion publique, horrifiée, se détourna des moteurs électriques, mais resta addicte aux batteries domestiques.
La même opinion repoussa définitivement les moteurs à hydrogène le jour de Noël 2085, après la dramatique explosion d’un car scolaire à Rome. Ce n’était pas la première fois qu’un accident diabolisait l’hydrogène, le 6 mai 1937, l’explosion meurtrière du zeppelin Hidenburg (gonflé à l’hydrogène) marqua la fin des ballons dirigeables.
Les Idyliens n’ignorent pas que les satellites réduits au silence par la guerre sont devenus des épaves puis ont plongé dans l’atmosphère pour y finir grillés. L’espace est vide, le ciel se tait, l’internet, la téléphonie et la télévision sont terrestres.
Les océans sont mal famés, infestés de pirates et de naufragés agressifs. Le Cartel a envoyé plusieurs frégates chargées de repérer des terres voisines, elles ne sont jamais revenues. On sait à peu près où l’on est, mais en 2492, Idylia est un peu seule au monde.
Quelques bateaux marchands armés jusqu’aux dents viennent commercer à Havana. Ils naviguent à vue, de mémoire, mais tiennent un carnet de bord et lisent les étoiles. Les trous...
| Erscheint lt. Verlag | 10.12.2024 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| Themenwelt | Literatur ► Romane / Erzählungen |
| ISBN-10 | 2-322-62077-7 / 2322620777 |
| ISBN-13 | 978-2-322-62077-7 / 9782322620777 |
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Größe: 69,4 MB
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