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Le corps noir -  Charles Jean-Claude Charles

Le corps noir (eBook)

eBook Download: EPUB
2017 | 1. Auflage
140 Seiten
Memoire D'Encrier (Verlag)
978-2-89712-442-7 (ISBN)
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Corps noir. Code noir. Esclavage. Colonisation. Identité. Exclusion. Nègres. Fantômes. Fantasmes. Mépris. Haine de soi. Race. Racisme. Différence. Moi. L'autre. Qui a inventé le corps noir ? Jean-Claude Charles ouvre de singulières perspectives en interrogeant le mythe du corps noir.

Né en 1949 à Port-au-Prince et décédé à Paris en 2008, Jean-Claude Charles a quitté Haïti à l'âge de 21 ans. Il est l'auteur d'une ?uvre immense, rééditée chez Mémoire d'encrier. Marguerite Duras a vu en lui le ' meilleur écrivain d'aujourd'hui '. Poète et journaliste, il est aussi l'auteur d'essais et de romans, dont Sainte Dérive des cochons (1977) et Ferdinand, je suis à Paris (1987). Après Négociations (poésie), Manhattan Blues (roman) et Bamboola Bamboche, De si jolies petites plages est son quatrième titre publié chez Mémoire d'encrier.
Corps noir. Code noir.Esclavage. Colonisation.Identité. Exclusion.Nègres. Fantômes. Fantasmes.Mépris. Haine de soi.Race. Racisme. Différence.Moi. L’autre.Qui a inventé le corps noir ?Jean-Claude Charles ouvre de singulières perspectives en interrogeant le mythe du corps noir.

le retour du maître de musique


Je dis « droite française », non par facilité militante, réduction bipolaire du champ idéologique en France, mais parce que l’héritage colonial est effectivement son œuvre. Cette commodité de langage, on en perd vite le bénéfice, à considérer le fonctionnement d’ensemble, aujourd’hui, de la représentation du Noir. Les projets politiques conscients comme les intentions morales individuelles sont de peu de poids dans la balance où pèse le corps noir. Les nuances de forme – certes non négligeables dans la mesure où elles induisent probablement des effets de neutralisation relative de la vision du monde raciste ou, à l’opposé, des effets de renforcement –, n’autorisent pas à soutenir quoi que ce soit quant au degré de gravité, ici où là, des discours qu’elles portent. L’impact matériel de ceux-ci, visible, n’en reste pas moins impondérable.

La littérature critique de jazz fournit, sur ce plan, une source d’illustration intarissable. D’autant plus intéressante qu’elle porte principalement sur des musiciens américains, c’est-à-dire sur des « transplantés » dont le processus d’inscription à une formation sociale non africaine est perpétuellement oblitéré. Au-delà de la reconnaissance valorisante d’une musique où les damnés de l’Amérique ont magistralement écrit leur histoire, les points de vue dominants dans la critique de jazz participent du dépôt de fantasmes sur le corps noir et contribuent ainsi, en confortant des illusions essentialistes, à ouvrir, à creuser la blessure. À la maintenir vive, toute sympathie s’abolissant dans son élan même, impensé.

 

De Libération, où paraît tel compte rendu d’une prestation à Paris de Kahil el Zabar dont l’auteur ne manque pas de signaler par ailleurs le travail remarquable avec les musiciens de Chicago, mais pour finalement le nier…

 

« Il ne s’agit jamais de “performance”, mais de quelque chose de simple et de dense sorti de la mémoire ancestrale. Les têtes s’envolent, voyagent. La sienne se balance, ponctue. L’Afrique est proche. Les rythmes, l’appel des voix, nous plongent directement dans la forêt. C’est une sorte de cérémonie rituelle qui se déroule sous nos yeux. La musique, sereine, violente, enveloppante, reste toujours dans le magnifique […] Un moment rare qui peut faire comprendre pourquoi le jazz, le blues sont musiques noires, jamais l’émotion balancée par ces musiciens n’atteindra une telle force quand elle sera jouée par d’autres. Question de racine. »

(« L’envoûtement », par Philippe Conrath, Libération du 13 octobre 1978.)

 

… À ce commentaire inspiré par l’histoire du jazz, où le même gommage de la musique en tant que production accompagne le même type de rabattement d’un vécu culturel, daté, historicisé, sur l’origine raciale :

« Kansas City, c’est le cadeau du jazz pour son trentième anniversaire. Trente ans, c’est jeune pour une musique. Les intellectuels vont commencer à se pencher sur le cas de cet enfant prodige. On va déverser sur lui des flots d’encre, et même de bile. Mais il continuera son chemin, porté par les forces vives de l’âme noire. Et, d’année en année, le nombre grossira de ceux qui viendront lui demander ce que n’offre aujourd’hui aucune autre musique : le rythme même d’un cœur qui bat. »

 

(« La naissance du jazz », vue par Hugues Panassié et Michel Perrin, dans Le roman vrai des années folles de Gilbert Guilleminault, Paris, Denoël, 1975.)

 

Je revois ces danseurs zoulous, xhosas, sawsi, un jour d’été à Paris, sur la scène de l’Olympia. Hommes et femmes soustraits, l’espace de quelques pas diplomatiques, au broyage de l’apartheid (l’idéologie de la différence poussée à son terme logique). Je relis cette chronique dans France-Soir (23 août 1975) :

 

« IPI TOMBI [nom du groupe]. LE RYTHME À L’ÉTAT PUR. Ils sont très beaux et très vivants, mais ce qu’ils ont surtout, ces danseurs d’Ipi Tombi, c’est l’instinct naturel et spontané du rythme. Une chose rare, qui ne s’apprend pas et contre laquelle on ne peut (rien) sauf se laisser envahir… La troupe… avec ses filles noires exubérantes et ses garçons sensuels et noirs… Des figures modernes qui ressemblent à celles de leurs frères d’Amérique du Nord… »

 

Bla bla bla bla… De quoi je me plains, moi, Noir, si on m’aime!? Je ne me plains pas. Je prétends seulement qu’il n’y a pas plus de raison de m’aimer que de me haïr en tant que Noir. Que la solution amoureuse, loin de constituer une alternative au racisme, n’est pas autre chose que le racisme lui-même. Que pour moi, entre l’amour des nègres et la haine des nègres, il se pourrait bien qu’il n’y ait qu’un fil, mince; et que, à le suivre jusqu’au bout, on débouche sur le territoire idéal de l’ambivalence : l’étreinte spectaculaire sur horizon de meurtre.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE

 

Évoquons l’histoire que raconte, à l’aube du xviie siècle, Miguel de Cervantes : la légende du maître de musique. Cela se passe en Espagne, en Estrémadure…

Serrant d’une main troublée

La grille d’une fenêtre,

 

chante Louis le nègre. Enfermé par son maître – Philippe le vieillard de retour de Carthagène des Indes (au Pérou) après vingt ans d’absence, riche de 150 000 piastres et de cheveux d’argent, enfin sorti de l’exil colonial, « refuge ordinaire des Espagnols désespérés, église des banqueroutiers, sauf-conduit des homicides, paravent de ces brelandiers que les habiles connaissent pour pipeurs, appeau des femmes libres, salut particulier d’un petit nombre et leurre commun du plus grand », Philippe l’amoureux ayant enlevé la belle Léonore, treize ans, à ses parents, ayant acheté une splendide maison à 12 000 ducats, une demi-douzaine d’esclaves (quatre Blanches qu’il étampa au fer rouge et deux négresses qu’il fut inutile de marquer) et Louis l’eunuque qu’il emprisonna dans un grenier au-dessus de l’écurie – ce dernier se lamente :

 

« Je ne chante pas mal, dit le nègre, mais à quoi me sert de chanter si je ne connais pas une seule chanson… »

 

Il exagère. Il en connaît quelques-unes, mais des blanches. Survient le maître de musique, l’un des premiers chantres européens de la différence noire, Loaysa :

 

« Tout ceci n’est que du vent à côté de celles que je vous pourrais apprendre. Car je sais toutes celles du Maure Abindarraez avec celles de sa dame Xarifa et toutes celles que l’on chante sur l’histoire du grand Sophi Tomumbeyo et celles aussi de la sarabande sur des sujets sacrés qui sont telles qu’elles font pâmer jusqu’aux Portugais eux-mêmes ».

 

Jusqu’aux Portugais!? La référence alors pesait lourd. Loaysa le jeune rôde autour de Léonore la tendre, elle aussi, elle surtout, enfermée dans la maison où Philippe le jaloux ne consent même pas à laisser entrer un animal de sexe masculin, pas question. Loaysa, « fils de riche, oisif et fainéant », va tenir au vieux castrat le discours de la démagogie :

 

« … j’ai ouï dire que vous avez quelques dispositions et à ce que je crois juger par l’accent de votre voix, qui est justement accordée, vous devez fort bien chanter. »

 

Mais il faut, chacun le sait, avant d’arriver à sortir d’une guitare quelques sons supportables, vingt fois sur le métier… Mais le maître de musique a fourbi ses arguments :

 

« Et je les enseigne par de telles méthodes et avec tant de facilité que, dussiez-vous n’y mettre aucune diligence, vous vous verrez, dans le temps d’avaler trois ou quatre muids de sel, musicien accompli et expert en tout genre de guitare. »

 

Le nègre pousse un soupir.

Et se laisse amadouer. Loaysa avait préparé la chose, de sérénade en sérénade. L’oreille de Louis s’est aisément laissé convaincre… « si grande est l’inclinaison des nègres pour la musique ».

L’ami des morenos (les personnes dites « de couleur ») peut ainsi pénétrer dans le Saint des Saints. Il débauche tout le monde, épouse, duègne, esclaves et servantes.

Philippe le cocu ne survit pas à l’expérience de sa vigilance prise en défaut.

Léonore la simple entre au couvent.

La duègne est punie.

Louis et les autres découvrent la liberté.

Le maître de musique suit le chemin des maîtres : il s’embarque pour le Nouveau Monde.

 

« Et moi, conclut Miguel de Cervantes qui va droit à l’essentiel, je reste avec le désir d’en arriver au bout de mon histoire, exemple et miroir du peu de fiance qu’il faut mettre en clefs, tours et murailles, alors que la volonté demeure libre…2 »

 

...

Erscheint lt. Verlag 18.7.2017
Sprache französisch
Themenwelt Literatur Essays / Feuilleton
Literatur Romane / Erzählungen
ISBN-10 2-89712-442-3 / 2897124423
ISBN-13 978-2-89712-442-7 / 9782897124427
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