Histoire Littéraire D'italie (eBook)
252 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-43307-0 (ISBN)
Fils d'Anne-Marie Gagon et de Pierre François Ginguené, il a commencé ses études au collège Saint-Thomas de sa ville natale, où il a eu Évariste de Parny pour condisciple. Âgé de 15 ans, au moment de l'expulsion des jésuites de France, il a terminé ses études sous les prêtres séculiers qui leur ont succédé. À sa sortie du lycée, il avait appris le grec et le latin, mais c'est son père, qui lui a appris l'anglais et l'italien qu'il connaissait très bien, en même temps qu'il l'a initié à l'étude des beaux-arts. À 24 ans, il connaissait à fond les lettres latines et les chefs-d'oeuvre de la littérature moderne française, italienne et anglaise, l'histoire et la philosophie. Il était, de plus, très savant musicien. Monté à Paris, en 1772, il a d'abord été précepteur dans une maison particulière. Ayant lu une pièce de vers, composée, à l'âge de vingt ans, en Bretagne, intitulée la Confession de Zulmé à quelques hommes de lettres, et particulièrement à l'académicien Rochefort, celui-ci a voulu en avoir une copie, qu'il a lue dans plusieurs maisons et laissé copier.
CHAPITRE XII.
Fin de l'épopée romanesque; Notice sur la vie de Bernardo Tasso; Analyse de son poëme d'Amadis; dernières observations sur ce genre de poésie.
Il me reste à parler d'un poëme plus intéressant, dont l'auteur, soit qu'on le considère comme homme, ou comme poëte, joue un rôle important dans la littérature italienne; c'est l'Amadis de Bernardo Tasso, père du Tasse. Ce fut sans doute un grand bonheur pour Bernardo que d'avoir produit et élevé dans son sein l'auteur de la Jérusalem délivrée; mais son renom poétique en a souffert. La gloire du fils a éclipsé celle du père, et si Bernardon'eût pas eu de fils, c'est lui qui, dans la postérité, se serait appelé le Tasse. Je le nommerai le plus souvent ainsi dans cette notice, où ce nom ne peut faire équivoque, quoiqu'il désigne communément l'auteur de la Jérusalem, et non pas celui d'Amadis.
Bernardo Tasso naquit à Bergame, le 11 novembre 1493, de Gabriel Tasso et de Catherine de' Tassi tous les deux issus de deux branches de cette noble et ancienne famille. Les dispositions qu'il annonça dès sa première enfance engagèrent son père à ne rien négliger pour son instruction. Il lui donna pour maître Jean-Baptiste Pio, de Bologne, grammairien célèbre, qui enseignait alors publiquement à Bergame les lettres latines. Mais cette première éducation fut interrompue par la mort prématurée du père et de la mère, qui laissèrent à leur fils des affaires embarrassées, très-peu de fortune, et deux jeunes sœurs à pourvoir. Heureusement le chevalier Domenico Tasso, leur oncle, se chargea des deux orphelines, maria l'une avantageusement et plaça l'autre dans un couvent où elle fit ses vœux; l'évêque de Recanati, frère du chevalier Dominique, prit soin du jeune Tasso, et l'entretint à ses frais dans un collége, où il continua ses études. Il fit de grands progrès dans le latin et dans le grec, et commença bientôt à cultiver avec un égal succès la poésie et l'éloquence italiennes. Il composa des pièces de vers où l'on distinguait déjà cette douceur de style et cette fécondité de sentiments et de pensées qui lui est propre. Sa réputation naissante s'étendit dans toute l'Italie, et lui procura des amis, non-seulement parmi les gens de lettres, mais parmi les grands et les princes.
Il se retirait souvent, pour se livrer à la poésie, dans une campagne délicieuse que l'évêque son oncle avait à un mille de Bergame. Un nouveau malheur l'y attendait. L'évêque y était allé passer quelques jours; deux scélérats, ses domestiques, l'assaillirent pendant la nuit, l'égorgèrent, volèrent l'argent, l'argenterie, les objets précieux qui étaient dans la maison, s'enfuirent, et laissèrent le Tasse dans le désespoir de la perte d'un oncle qu'il aimait tendrement, dépouillé de tous les avantages qu'il retirait et de tous ceux qu'il espérait de ses bontés. Il avait alors vingt-sept ans; réduit à son mince patrimoine, il se retira à Padoue, pour achever ses études, et surtout pour s'instruire, dans la société d'un grand nombre de savants qui y étaient alors réunis. La poésie n'était pas le seul objet de ses travaux; il se livrait à des études plus graves, et principalement à cette partie de la philosophie morale qui embrasse la politique et le gouvernement des états, ayant le projet de chercher à être employé honorablement dans les cours de quelques princes, pour y faire valoir ses talents et tâcher de vaincre sa mauvaise fortune. Il chercha aussi dans l'amour quelque distraction à ses peines. Il aima tendrement Genèvre Malatesta, personne d'une haute naissance et d'une vertu égale à sa beauté. Il la célébra dans ses vers, tantôt ouvertement, tantôt sous le nom allégorique du genièvre, Ginebro. Lorsqu'elle épousa le chevalier degli Obizzi, et qu'il eut ainsi perdu toute espérance, il se plaignit de ce malheur dans un sonnet si tendre, et qui eut un si grand succès, qu'il n'y eut homme ni femme en Italie qui ne voulût le savoir par cœur.
Mais tout cela ne rendait pas meilleure la situation du jeune poëte. Enfin, le comte Guido Rangone, général de l'Église, ami et protecteur des lettres, le prit à son service. Ayant reconnu en lui beaucoup d'esprit et de discernement, il l'employa dans les affaires les plus importantes, le chargea de négociations délicates, à Rome, auprès du pape Clément VII; en France, auprès du roi François Ier. Le Tasse, du consentement du comte Rangone, et même pour ses intérêts, fut ensuite attaché à Mme. Renée de France, duchesse de Ferrare; mais il ne resta pas long-temps dans cette cour; il revint libre à Padoue, et de là se rendit à Venise, où il passa quelque temps, partagé entre la société de ses amis et la culture des lettres. Il y fit imprimer un recueil de ses poésies; ce recueil se répandit rapidement en Italie, et assura au Tasse une des premières places parmi les poëtes vivants; il parvint à la connaissance de Ferrante Sanseverino, prince de Salerne, qui conçut dès-lors une haute estime pour l'auteur, et désira se l'attacher. Il lui fit écrire d'une manière si pressante que le Tasse ne crut pas devoir refuser l'emploi de secrétaire du prince qui lui était offert. Il partit aussitôt pour l'aller trouver à Salerne. Il y reçut l'accueil le plus flatteur, bientôt suivi de riches présents, et d'une forte pension que le prince lui assura pour toute sa vie. Enchanté de sa nouvelle condition, il forma dès-lors le dessein de se fixer dans cette cour, et se partagea tout entier entre le soin de répondre à la confiance de Sanseverino par l'habileté avec laquelle il conduisait ses affaires, par le talent particulier qu'il déployait dans sa correspondance, enfin par le zèle et la loyauté qu'il mettait à le servir; et celui de lui plaire et d'amuser la princesse Isabelle Villamarina, son épouse, par des compositions poétiques, neuves, ingénieuses, et dont la lecture était pour les deux époux le passe-temps le plus agréable.
Il s'était tellement habitué à faire des vers parmi les embarras et le mouvement des affaires, qu'il ne cessa point d'en produire même pendant le siège de Tunis, où Sanseverino fut employé par Charles-Quint, et où il emmena le Tasse. Bernardo, aussi habile au métier des armes qu'à la conduite des négociations, se distingua dans plusieurs actions pendant le siège. Il en rapporta pour butin quelques antiquités précieuses, et surtout un vase arabe d'un fort beau travail, destiné à mettre des parfums; il en fit par la suite un encrier dont il se servit toute sa vie. Après cette expédition, qui lui valut de nouvelles faveurs de son prince, ayant été envoyé par lui en Espagne pour des affaires importantes, il obtint, au retour, la permission d'aller passer quelque temps à Venise. Ses affaires personnelles, le plaisir de revoir ses amis, et l'impression d'un nouveau recueil de ses poésies l'y retinrent pendant près d'une année. C'est là ce que disent tous les historiens de sa vie; mais ils ne disent pas que la belle Tullie d'Aragon, célèbre par ses talents poétiques et par la liberté de ses mœurs, était alors à Venise, que Bernardo en devint amoureux, qu'il s'en fit aimer, qu'il la célébra dans ses vers, et que c'était là sans doute le plus fort lien qui le retint dans cette ville, tandis que son devoir l'appelait ailleurs. M. Corniani, en rétablissant ce fait, cite, pour le prouver, un dialogue de Speron Speroni, ami du Tasse, que ses autres historiens ne pouvaient pas ignorer. La chose y est si claire que c'est l'amour mutuel du Tasse et de Tullie, la nécessité où elle est d'aller rejoindre son prince et la douleur de cette séparation, qui font le sujet du dialogue.
Si cette passion ne l'empêcha point de se rendre enfin à son devoir, elle ne le détourna pas non plus de former un établissement honorable et solide. Après son retour à Salerne, Sanseverino et Isabelle, satisfaits de plus en plus de son commerce et de ses services, le marièrent avantageusement. Il épousa Porzia de' Rossi qui joignait à la beauté, aux talents et au mérite, de la naissance et de la fortune. Il eut la permission de se retirer avec elle à Sorrento, petite ville dont la position est délicieuse, et de s'y fixer, en gardant le titre de secrétaire du prince, qui, à...
| Erscheint lt. Verlag | 13.9.2022 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| Themenwelt | Geisteswissenschaften ► Geschichte ► Allgemeines / Lexika |
| Geisteswissenschaften ► Geschichte ► Regional- / Ländergeschichte | |
| Schlagworte | analyse critique oeuvres • aventure civilisation conte feuilleton légende raconter événement épistémologie historiographe sociologie • histoire littéraire italienne • historique récit préhistoire mythologie archéologie historien roman chronologie chronique biographie anthropologie narration époque • influence culturelle européenne • littérature italienne Renaissance • Milan Naples Sicile italien Florence Suisse Lombardie Venise Rome • Pierre Louis Ginguené • Sardaigne Piémont toscane Autriche Calabre Turin Latium Vénétie • Vérone Abruzzes Grèce Slovénie Vatican Ligurie Espagne Belgique Campanie |
| ISBN-10 | 2-322-43307-1 / 2322433071 |
| ISBN-13 | 978-2-322-43307-0 / 9782322433070 |
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