Les Villes retrouvées: Thèbes d'Égypte, Ninive, Babylone, Troie, Carthage, Pompéi, Herculanum (eBook)
314 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-46498-2 (ISBN)
Gabriel Hanotaux (1853-1944) est un Historien, critique littéraire, mémorialiste, journaliste. Il fut Conseiller d'ambassade à Constantinople (1885-1886), ministre des Affaires étrangères (1894-1898) et Membre de l'Académie française (élu en 1897). Il est de formation Archiviste paléographe. A aussi utilisé le pseudonyme de Georges Hanno
I
Thèbes d’Égypte
Toutes les traditions, toutes les légendes, tous les monuments de l’antiquité parlent de Thèbes d’Égypte avec un enthousiasme que le lointain de l’espace et du temps ne fait qu’accroître ; depuis le vieil Homère, qui racontait sans les avoir vues « les fabuleuses richesses de la ville aux cent portes, par chacune desquelles passent deux cents chars tous attelés de blancs chevaux, et montés par leurs cavaliers en armes, » jusqu’à Germanicus, qui visita l’Égypte en amateur éclairé et se fit expliquer par les prêtres les hiéroglyphes inscrits sur les murailles. « Il admira la grandeur des ruines de la vieille Thèbes et s’étonna, dit Tacite, d’apprendre que la puissance des anciens rois d’Égypte avait écrasé les peuples voisins de charges et d’exactions non moins lourdes que celles dont les accable maintenant la puissance des Romains. »
Dans les temps modernes, ce fut en de grandes circonstances que ces ruines oubliées apparurent de nouveau et rentrèrent en quelque sorte dans le champ de l’Histoire dont elles étaient sorties depuis si longtemps.
L’armée française remontait en conquérante le cours du Nil. Epuisée par la fatigue, par les privations, abattue par l’âpreté d’un ciel et d’un sol inaccoutumés... tout à coup, au détour du chemin, Thèbes apparut. L’armée s’arrêta tout entière, et un cri, une acclamation sortie de toutes les poitrines salua le grand spectacle que le désert venait de dérouler tout à coup.
Quelques années plus tard, Champollion ayant découvert déjà le secret caché dans les inscriptions hiéroglyphiques, écrivait à son tour, en arrivant au même endroit : « Les Égyptiens, en présence de ce que je vois, conce vaient les hommes de cent pieds de hauteur et l’imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessus de nos portiques, tombe impuissante au pied des cent trente-quatre colonnes de la salle de Karnak. Je me garderai bien d’en rien écrire ; car ou mes expressions ne vaudraient que la millième partie de ce qu’on doit dire en parlant de tels objets ; ou bien, si j’en traçais une fois l’esquisse très colorée, je risquerais de passer pour un enthousiaste ou peut-être même pour un fou. »
C’est que Thèbes fut en réalité la plus haute expression de l’art égyptien ; que là se résuma, se traduisit en poèmes de pierre, ce délire architectural, que se transmettaient héréditairement les vieux Pharaons l’un après l’autre. Depuis les plus reculés jusqu’aux contemporains des Grecs, ils rivalisèrent là d’effort et de dépenses : temples, maisons, tombeaux tout y fut taillé dans le colossal. L’Égypte entière a souffert des siècles pour la bâtir, et des siècles d’abandon n’ont pas suffi pour en faire disparaître les merveilleux vestiges.
La ville que les Grecs appelaient Thèbes ou Diospolis, était nommée par les Egyptiens, eux-mêmes, Ape, T-ape, la ville d’Ammon-Ra, le plus puissant des dieux de l’Égypte. Elle s’étendait sur les deux rives du Nil, beaucoup plus large en cet endroit que la Seine à Paris. Elle-même, lorsqu’elle fut arrivée au plus haut degré de son développement avait, selon Diodore, un circuit de plus de trois milles ; son diamètre était de deux lieues et demie.
Les légendes égyptiennes attribuaient sa fondation au dieu lui-même, à Osiris. C’est dans cette ville que, pour la première fois, il avait enseigné aux hommes les arts utiles, l’agriculture, le maniement de l’airain et du fer, l’architecture. Il est certain que la fondation de Thèbes se perd dans la nuit des temps.
Mais pour l’histoire son nom n’apparaît guère que vers la XIe dynastie (plus de 4 000 ans av. J.-C.).
Vue de Thèbes du plus loin qu’on peut l’apercevoir
Avant cette époque le centre politique de l’Égypte se trouvait placé plus au nord, principalement à Memphis. D’origine thébaïne, les rois de la XIe dynastie commencèrent à l’embellir, mais d’une manière rude et grossière qui contrastait avec les splendeurs dont étaient déjà revêtues les villes du centre et du nord. Les souverains de la XIIe dynastie, les Amenemha, guerriers et conquérants, continuèrent les grands travaux ; c’est un Amenemha qui fonda le grand temple de Karnak. On a retrouvé dans les ruines un fragment de la statue de ce roi et de sa femme assis sur un même socle de granit rose.
Le mouvement de construction prit alors dans ces régions un développement considérable. C’est sous le roi Ousortesen Ier, de la XIIe dynastie, qu’une stèle raconte ainsi les fonctions d’un architecte du temps : « Je suis, dit-il, le scribe Mevic, je suis un serviteur du prince, ingénieur en chef des travaux, une palme d’amour. Mon maître m’envoya en grande mission d’ingénieur pour lui préparer une grande demeure éternelle. Les couloirs et la chambre intérieure étaient en maçonnerie et renouvelaient les merveilles de construction des Dieux. Il y eut là des colonnes sculptées belles comme le ciel, un bassin creusé qui communiquait avec le Nil, des portes, des obélisques, une façade en pierre blanche de Rouwou ; aussi, Osiris, seigneur de l’Ament, s’est-il réjoui des monuments de mon seigneur, et j’ai été moi-même dans le transport et l’allégresse en voyant le résultat de mon travail. » Ce récit ne nous expose-t-il pas de la façon la plus claire le projet de la construction, l’ordre des travaux et l’aspect extérieur d’un temple dans ces temps antiques dont trop peu de monuments nous restent à l’heure qu’il est dans cette région ?
Roi égyptien (Sevekhotep III)
L’art à cette époque avait déjà atteint un degré d’élévation et une habileté d’exécution qu’il ne dépassa presque jamais. Nous n’en voulons pour preuve que la belle statue de Sevekhotep III, conservée aujourd’hui au Musée du Louvre. L’élégance du torse, le port gracieux de la tête, l’expression de sérénité douce et majestueuse qui se dégage des moindres détails de la pose et de la figure royale ; le fini de l’exécution, en particulier dans les jointures des genoux, font de cette statue un des plus beaux modèles de l’art égyptien. Ce sont là des qualités qui ajoutent un prix inestimable à une œuvre que sa haute antiquité suffirait seule à illustrer.
Dans toutes les parties de l’architecture une ère d’apogée se manifeste. C’est le moment où les premières colonnes remplacent les lourds massifs des âges précédents ; elles sont fortes, cannelées et couronnées d’un simple dé. La sculpture adopte des formes plus allongées et plus grêles. Les bas-reliefs fouillés avec beaucoup de soin et de finesse, atteignent parfois, par un heureux rendu des détails, une expression naturelle et vraie, quoique la perspective soit tout à fait négligée. Ils sont toujours soigneusement peints. Les statues de pierre calcaire sont peintes des pieds à la tête ; quant aux statues de granit, les yeux et les cheveux seuls sont coloriés.
Malheureusement pour Thèbes, les dynasties suivantes l’abandonnèrent presque complètement et reportèrent leurs efforts vers les villes du Delta. D’ailleurs une ère de misère allait peser sur l’Égypte tout entière. Les gens du désert, les pasteurs (peut-être les Arabes et les Hébreux), envahirent le pays, détruisirent les temples, renversèrent les statues sacrées, interdirent le culte des dieux indigènes.
Il semble bien, à la vérité, que Thèbes ne fut pas touchée par eux. C’est là que se réfugièrent les restes de l’indépendance nationale ; c’est de là que partit le mouvement de résistance, qui, peu à peu, après une lutte bien des fois reprise et bien des fois abandonnée, finit par chasser les étrangers ; mais pendant plus de deux siècles, les embellissements des villes et les grandes constructions furent délaissés.
Le premier des rois conquérants, Ahmès Ier, reprit la tradition ancienne, répara les temples des Dieux et rouvrit solennellement les...
| Erscheint lt. Verlag | 13.6.2022 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| Themenwelt | Geisteswissenschaften ► Geschichte ► Allgemeines / Lexika |
| Schlagworte | archéologie des cités • archéologique, archéologue, anthropologie, préhistoire, • civilisations anciennes • découvertes archéologiques • fouille, histoire, musée, antiquité • histoire, mémoires, essais, encyclopédie • patrimoine historique • Thèbes d'Égypte, Ninive, Babylone • Troie, Carthage, Pompéi • villes mythiques |
| ISBN-10 | 2-322-46498-8 / 2322464988 |
| ISBN-13 | 978-2-322-46498-2 / 9782322464982 |
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