L'arc (eBook)
302 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-62725-7 (ISBN)
Archéologue, puis enseignant en histoire, il est l'auteur de vingt romans, plusieurs articles pour des revues d'Histoire et il a animé plusieurs conférences. Dans son travail d'écriture, il s'attache à contextualiser, non pas en évoquant les événements comme facteurs explicatifs, mais, à relier des aventures et des comportements de société par rapport à une situation politique authentique. Sa démarche s'inscrit dans le courant de pensée que l'on appelle la sociohistoire.
L’ost français.
Les chevaliers et les archers.
L’arc, perçu par la noblesse comme une arme
« inférieure ».
Dans la tradition chevaleresque française, l’arc est souvent perçu comme une arme de roturier, voire de lâche, car il permet de tuer à distance sans s’engager dans un combat corps à corps.
Dans la société, l’archer français a un statut ambigu : méprisé par la noblesse, mais utile aux villes. Dans certaines villes (Amiens, Abbeville et Rouen, par exemple), les archers jouissent d’une certaine reconnaissance civique. Ils peuvent bénéficier d’une exemption fiscale ou assumer un rôle dans la garde bourgeoise.
Le prestige entoure les chevaliers, les soldats, les lances et les épées.
Cela explique en partie le retard français dans le développement systématique d’unités d’archers entraînés comparativement à l’Angleterre.
Être noble, c’est d’abord pratiquer l’art des armes et servir le roi sur le champ de bataille. Ainsi, la guerre représente l’occupation principale du noble.
Le combat sert de remède à l’ennui et est une source de richesse grâce aux butins et aux rançons. Le personnage noble témoigne d’un certain mépris pour la vie et la douleur humaines. Cultiver une tradition héroïque associée au combat est également une manifestation de noblesse : l’entraînement militaire, les combats singuliers, les joutes, les ordres chevaleresques, les croisades. Raconter ses exploits, les confier à un chroniqueur comme Froissart, ou encore les écrire soi-même est à la mode en cette période.
Mourir avec dignité, voilà ce qu’est la véritable noblesse. C’est mourir avec mépris du danger et de la discipline. C’est ce qui a conduit à ces charges imprudentes durant les guerres qui ont entraîné tant de morts inutiles parmi la chevalerie française.
Indisciplinés et emportés par la gloire et les exploits individuels, les nobles ont ignoré les règles de la guerre et de la stratégie militaire. Les chevaliers français, qui ne conçoivent la guerre qu’avec la cavalerie, méprisent les autres hommes d’armes : les piétons, les archers et les arbalétriers. Les personnes qui tuent de loin manquent de noblesse, car seul le combat face à face est considéré comme noble et digne.
Au début du XIVe siècle, un système de recrutement féodal presque pur est en vigueur. Contrairement à l’Angleterre, la France s’appuie sur un système féodal traditionnel de vassalité. En effet, la noblesse française ne représente qu’une infime portion de la population, entre 1 et 1,5 % en moyenne. Malgré cela, elle exerce une influence significative dans la société française. Elle fournit la majorité de la classe dirigeante et sert de modèle à imiter pour les autres catégories sociales.
En France, on ne trouve pas de hiérarchie au sein de la noblesse, comme on en trouve en Angleterre avec le peerage et la gentry. L’élite de la France forme une entité. Les seuls contrastes qu’on puisse observer concernent les disparités de puissance et de richesse.
Le noble est d’abord un seigneur, propriétaire d’un ou plusieurs fiefs qui lui procurent la plupart de ses revenus. Il est clair que la féodalité est ancrée dans la société rurale. Les institutions vassaliques ont été établies au XIe siècle : rites, droits et devoirs.
La vassalité est une entente bilatérale entre deux personnes, ne concernant que celles-ci, scellée lors d’une cérémonie au cours de laquelle l’hommage tient lieu d’acte central.
Un seigneur suzerain demande à son vassal :
— Voulez-vous être mon homme ?
Celui-ci répond :
— Oui, je le veux.
Ensuite, les mains du vassal sont prises dans celles du suzerain, qui l’embrassent.
Deuxièmement, la personne qui offre l’hommage s’engage en ces termes :
— Je promets de rester fidèle à mon seigneur et de lui rester loyal envers lui, sans trahison, contre tous et entièrement.
Elle prête ensuite serment sur les reliques des saints.
Au terme de la cérémonie, le seigneur suzerain remet un fief à son vassal, le symbolisant par la présentation d’une motte de terre.
C’est l’investiture.
La protection militaire est l’objectif principal du pacte entre les deux parties. Ce service revêt plusieurs formes. Il peut s’agir du service d’ost, pour assurer la sécurité du territoire seigneurial aussi longtemps que celui-ci est menacé, ou encore du service de chevauchée, qui consiste en une expédition de courte durée, ou encore du service d’escorte et de garde du château seigneurial.
Synallagmatique (bilatéral), le contrat vassalique implique des obligations réciproques, dont celles du seigneur. Il a pour obligation de protéger son loyal sujet des assauts de ses adversaires, de lui offrir un abri et, entre autres, de prendre en charge les besoins matériels de ses serviteurs. En règle générale, la rémunération du vassal se traduit par l’attribution d’une terre en guise de fief.
Les vassaux, qui contractent de plus en plus d’hommages pour assurer des revenus toujours plus importants, relâchent leurs obligations envers le seigneur.
Au XIIe siècle, l’aide militaire, qui avait auparavant fourni la principale puissance militaire à l’Occident, commence à s’affaiblir. En effet, les vassaux ne soutiennent plus cette forme d’aide de manière constante, ce qui oblige à rémunérer des chevaliers sans terre. Toutes les études régionales ont démontré l’existence d’une crise de la seigneurie, ou plus exactement d’une crise des revenus seigneuriaux.
Les causes de la crise sont connues. Elle est principalement due aux conflits entre la noblesse.
Elle entraîne sa propre disparition, soit par un décès sur les champs de bataille (Poitiers, Azincourt), soit par un éloignement plus ou moins long (conscription, captivité, etc.), ce qui entraîne la perte des revenus issus de ses domaines. Le salut viendra de l’extérieur pour une partie de l’aristocratie : le service de l’État, sous forme de dons et de pensions annuelles.
Pendant les années 1356 à 1368, des bandes armées autonomes et cohérentes existent sans chef. Elles vivent de la guerre, et souvent de la rapine. Les princes ou le roi s’en servent, mais ne les contrôlent pas vraiment.
Sous Charles V, dit « le Sage » (1364-1380), et surtout après les réformes de Charles VII en 1445, l’ost devient l’armée royale, ou princière, structurée, disciplinée, régulièrement payée et permanente. Son recrutement se veut noble, mais il incarne aussi une promotion sociale. En effet, des bâtards nobles, des déracinés et des déclassés de toutes origines intègrent l’armée du roi.
*
Un regard en arrière : Bataille de Poitiers, 1356.
Dans la chaleur épaisse de septembre, Jehan sentait la sueur couler le long de sa nuque, glissant sous son camail.
Le sol tremblait.
En face, les archers anglais se mettaient en ligne.
Leurs longues flèches noircissaient le ciel comme une nuée de corbeaux.
Les seigneurs français chargeaient.
Les chevaux hennissaient. Jehan, posté sur une légère colline, regardait les Anglais planter des pieux devant leurs lignes, formant une barrière contre la cavalerie.
— Ils savent, murmura Jehan. Ils ont prévu.
L’ordre vint.
Tirer.
Puis reculer.
Tirer encore.
Ses flèches étaient peu nombreuses, mais il en tira sept avant que les premiers cris de douleur ne brisent l’air. Les chevaux français s’empalaient sur les piques. Les hommes d’armes tombaient, désarçonnés. Le chaos. La honte.
Jehan fuit avec quelques camarades. Il enterra son arc dans les bois du Haut-Clain, jurant de ne plus tirer. L’honneur de la chevalerie s’était fait transpercer par des paysans gallois.
Les cloches sonnèrent un matin de septembre. Le roi Jean le Bon avait décidé d’en découdre avec les Anglais de ce chien noir de Prince de Galles. Les milices de la ville furent convoquées. Jehan reçut une tunique marquée de la croix blanche, une poignée de flèches, et un maigre solde.
Ils marchèrent vers le sud, là où les Anglais se repliaient, pillant les campagnes. Les archers de Poitiers furent postés en soutien sur la colline de Nouaillé.
— Ils sont deux mille archers, dit un...
| Erscheint lt. Verlag | 30.5.2025 |
|---|---|
| Sprache | französisch |
| ISBN-10 | 2-322-62725-9 / 2322627259 |
| ISBN-13 | 978-2-322-62725-7 / 9782322627257 |
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